Le temps des Gitans- Emir Kusturitza
L'air était sec, tout était calme.
J'errais à Paris, le long de la Seine, ce beau matin d'été
L'on m'avait dit : « Promènes toi près de Notre-Dame
Il y a toujours à voir, tu verras ! et l'on peut s'amuser ! »
Je me rendis au marché, près de la cathédrale,
J'y achetai des mandarines et quelques biscuits
Je les mangeai en observant les étales
Et m'offris une bague pour passer mon ennui.
J'admirai là bas, les péniches voguer doucement,
J'entendis des airs d'accordéon et de guitare,
Et tandis que j'allais sous les arbres m'asseoir sur un banc,
Je vis blottis par terre, à l'ombre, un vieux clochard,
Il portait une ceinture de toile noire autour de la taille,
Un long manteau de laine sur un vieux pull très troué
Ses mains grandes et sèches, criblées d' entailles
M'imploraient : « pitié, pitié »
Il avait les habits sales, et sa barbe le grattait
Ses yeux étaient hagards, et ses chaussures crevées
Il balbutiait dans un sommeil profond,
Tandis que la moiteur faisait briller son front.
A demi conscient, soudain il se redressait,
Nos yeux quelques secondes parfois se croisèrent
Je sentis que mes yeux reflétaient sa misère,
Et j'avais honte de ne pas savoir l'aider.
Un vilain bandage enserrait ses cheveux,
Du sang coulait le long du visage,
Et sur des cartons, il faisait naufrage
Ce vieil homme malheureux.
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