jeudi 17 novembre 2011

10.




Une grenouille sur un sac, au bord de l'étang, des pierres à chaque rive, comme des dents.
Des algues pour un œil bleu, des poissons éventrent la surface puis disparaissent,
Toi, tu t'allonges dans l'herbe tu écoutes son chant, tu l'attrapes puis l'étrangle, en riant.
Les yeux de la grenouille virent au blanc, vient le néant qui  les caresse.
Près de l'eau où la pluie s'est vautrée hier, chaque centimètre est mouillé,
Des enfants jouent dans la boue, pendant que leurs mères parlent sur des chaises dépliées.
Il y a des femmes qui rêvent, fleurs à la bouche, cheveux où s'accrochent les brins d'herbe.
Tu es musicien, ta main glisse sur les cordes, le bois de guitare est imberbe,
Tandis que les mousses, le lierre, les toiles d'araignées couvrent toute la forêt :
Tant de lumière explose au miroir des rosées. Des étoiles sur les feuilles un matin d'été.
Tu te rêves astronaute, pour conquérir le soleil, un sourire aux lèvres.
Tu vois passer tant de monstres ici, et quelques lièvres :
Un marchand de fleurs, un jongleur, un bateleur, un cracheur de feu, un professeur :
Un enfant son sac contre son cœur, c'est son premier jour d'école, il est 9h.
Tu oublies le temps qui passe, ta montre est écrasée sous la semelle de ta chaussure
Quelque fois tu te prends à rêver qu'un agressif serpent te morde à la figure,
Et que doucement, tu t'endormes sous les ormes rouges du soleil couchant
Qu'avant de mourir, tu contemplerais passionnément. 
Il me vient à mourir dis tu, car le cœur ne semble plus vouloir se battre
Les veines qui le lient à l'âme gonflent à claquer des crasses du chagrin,
Sous un soleil pâle, gribouillé par l'automne,  le sanglot fait s'abattre, la nef sous le sein.
Tant qu'il neige, tant que tu pleures, toute chose a givré,
Les rires au vol s'éclatent au sol en des flocons de cristal
La Lune elle-même, liquéfiée, sur toi risque de tomber, d'arracher ton dernier râle.
Les yeux gorgés de neige, les lèvres brodées d'une mygale, tu le pleurais,
Lui, cœur qui souffre et se meurt sans que tu puisses offrir des soleils
"Que j'entends tes faibles battements en moi comme à l'Eglise sonnaient, les carillons vermeilles.
Le cœur est une  carcasse qui crève et sèche comme les ballons d'hélium,
Quand le désespoir s'attable et finit les restes ainsi qu'aiment faire les rats
Levant les bras vers ce ciel si sombre et si monotone, je me meurs avec un coeur froid."


                                                         Live On Mars- David Bowie

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