jeudi 17 novembre 2011

14. Orgie de Couteaux. LA VICTIME. Fantasme du meurtre Acte 1

Monster Mash - Bobby "Boris" Pickett.


Elle est assise en tailleur, cheveux aux épaules
La mine réjouie, le teint clair, les yeux brillants
L'ombre des nuages,  pâlissant le grand saule
Sous lequel elle riait encore et si gaiment !
Je la voyais balayer l'air par de grands gestes
Comme un bouffon mignon, qui danse sous les rires
A tant de regards qu'elle recherchait pour son reste,
J'eus envie je confesse, de la voir mourir.
Autour d'elle, se trouvent de charmants  garçons
Dont je peux voir  les crocs  mordre en rêve sa chair,
Et leurs regards briller d'une folle passion
Quand elle glisse un mot faussement de travers.
Penchant vers eux, d'une délicate innocence
Son beau visage triste et sa gorge vermeille
Elle s'approche très lentement de leurs oreilles
Pour leur murmurer  cette ultime confidence :
« Je n'aime pas mes seins, je n'aime pas mes fesses
Mon nez est bien trop grand ! Mes pieds sont si menus !
Touchez,  cette peau qui n'est bonne à la caresse
Quelle peine j'aurais si vous me vîtes nue ! »
Alors les charmants garçons répondaient en chœur :
« Nous t'aimons pour ta beauté et pour ton grand cœur »
Pendant qu'ils l'imaginent sans ses vêtements
Un grand silence s'étendait en drap de roses
Sur lequel ils rêvaient d'amour, les lèvres closes
La fixant béats et drôles tout en bavant.
Avertis, ils auraient su qu'au même instant,
Elle les déshabillait de leur discernement.
« Voilà une Cour qui sert bien ma vanité ! 
Réfléchissait-elle en pensant le mériter »
Aucune autre c'est vrai n'est aussi perspicace
De ses amies proches,  les belles ont moins d'éclat
Car leurs paroles n'ont pas l'orgueilleuse audace
De dire sans un mot : « Je suis mieux, regarde-moi »
Qui peut blâmer me direz-vous celles qui osent,
Quand la vie autour, parait si terne et morose,
Charmer le serpent qui en chaque homme viril
Attend depuis longtemps de quitter son asile ?
Doit-on jalouser les meilleures boutiquières
Qui savent vendre un rien à son prix le plus cher ?
Cependant, sachez qu'un portefeuille bien garni
Au lieu d'une longue attente et d'un cœur brisé
Serait le plus modeste et le plus juste prix
Pour avoir ce genre-là de femme à vos pieds.
Et nous, autres femmes nous méritons le bien,
De les qualifier pour ce qu'elles sont, des catins.
Moi qui n'étais rien, qu'une simple spectatrice
Peinée de savoir que mon amour fut l'un d'eux
Je voulais tordre le cou de l'usurpatrice
Pour laver la crasse qu'elle versât en ses yeux.
J'eus encore bien plus de rage et de colère
Lorsqu'elle lui adressa quelques mots badins
Je promis silencieuse, de broyer ses viscères
Quant aux restes, je le donnerai à mes chiens.
« Ami viens ! Nous évoquerons des souvenirs
Où tu m'aimais, rappelle-toi, sans me le dire »

A l'ombre du Saule, que le vent enchantait
La plus macabre des comédies s'achevait,
Dans ce dernier acte, où tout en baisant leurs joues
Par de grands yeux implorants, bercée à leurs cous
Elle affichait chagrin et pleine de complexes
Pleurait qu'on ne l'avait aimée que par son sexe.
Elle s'indignait puis se plaignait dans leur giron,
Tous étaient prêts à l'écouter par compassion.
« Messieurs je souffre trop du désir qu'on me porte
Mais voilà, généreux, que vos bras me confortent
Je me sens si seule lorsque vous me laissez,
Que je suis si heureuse que vous me soigniez.
Vous êtes tous, chacun, un peu de mon plaisir
Embrassez ma cause, que l'amour vous inspire.
Je rends moulte grâces à vos bonnes qualités
Peut-être les honorerais-je d'un baiser.
Ne remettez jamais en doute ma vertu
Je mourrais de chagrin si vous ne m'aimez plus 
Prenez cette main en gage de mon honneur
Ah ! Votre accord  réchauffe qui mon corps qui mon coeur».
Les voici tout bouleversés de cet aveu,
Ils s'en vont en se jurant de l'aimer pour deux
Comme adieu lui laissent de tendres compliments
Quelques trésors et gentillesses pour ses larmes,
Ah je souffre bien d'apprendre que mon amant,
A lui aussi versé tribu pour ces vils charmes.
Je serre mon poing, je retiens mes pleurs, je crie !
« Ma propre main couronnera ton agonie »
J'écrivais en moi la suite de cette pièce
Songeant  à de beaux sévices, à nos futurs jeux
L'Héroïne c'est moi, l'autre sera en pièces
Elle pleurera pour vrai, je le jure sur les Dieux.
Je souhaite avant ta mort que souffres un peu
Afin de contempler la peur dans tes grands yeux
Je te couperai les mains, et enfin tes pieds
Je crèverai tes pupilles à l'aiguille dix fois
Pour que dix fois, sans secours, tu me cries pitié
Puis par acide sur la langue meurt ta voix.
Avant que ne meurt l'écho de ton dernier râle
Sur un long pic, je brandirai ta pauvre tête
Comme tu es triste, comme tu seras pâle
Quelle orgie de couteaux, quelle sublime fête !
Je fantasme du sang, et de cette violence
Je tremble à présent, j'ai hâte de la sentence.
Durant ce long moment où je la voulais morte
Elle souriait toujours de ses talents profanes
Attends ma mignonne que le destin l'emporte
Demain, ton père pleurera sa Reine Anne.
Vas, mon rêve de vengeance s'exaucera
Je tiens toujours mes promesses, tu le verras.


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